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Café des Femmes

Une économiste française experte près d'Obama

16 Février 2013, 16:08pm

Publié par Café des Femmes

Esther Duflo, une économiste française au sein de l'administration Obama
Esther Duflo, une économiste française au sein de l'administration Obama
© AFP

Considérée comme l’une des économistes les plus brillantes de sa génération, la Française Esther Duflo a été choisie, depuis le 21 décembre, pour conseiller Barack Obama sur les questions de développement économique au niveau mondial.

Par Aude MAZOUÉ (texte)
 

L’information est assez rare pour être relevée. Esther Duflo, une économiste française a été nommée le 21 décembre 2012 par l’administration Obama au sein du Conseil présidentiel pour le développement global, révèle dans un communiqué, jeudi 3 janvier, le Massachusetts Institute of Technology (MIT).

La prestigieuse instance consultative, créée en septembre 2010, a pour but de conseiller le président des États-Unis et les hauts dirigeants de l'administration sur les questions de développement. La Française, qui a également obtenu la nationalité américaine, a été nommée avec huit autres personnes pour deux ans renouvelables. Elle rejoint ainsi, à l’âge de 40 ans, le cercle très fermé des Français qui ont une influence sur l’économie mondiale.

 

Rare mais pas unique

Passée totalement inaperçue dans la presse française, la nouvelle a de quoi surprendre même si d’autres économistes français ont déjà attiré, cette année, le regard des politiciens outre-Atlantique. Les économistes Emmanuel Saez et Thomas Piketty se sont retrouvés en une du New York Times, le 16 avril 2012, pour "le rôle qu'ils ont joué dans le débat sur l'augmentation des impôts pour les riches préconisée par l'administration Obama". D’après le quotidien new-yorkais, les noms des deux Français ont été mentionnés à plusieurs reprises dans des documents budgétaires de la Maison Blanche. Leur parole aurait, en outre, eu une incidence directe dans la volonté du président américain de tenter d'imposer la fameuse "règle Buffet", qui prévoit un taux d'imposition minimum de 30% pour les plus riches aux États-Unis.

 

Un parcours d’exception

Mais les riches n'intéressent pas Esther Duflo. Élevée dans une famille "protestante de gauche", la jeune Française fait très tôt l’apprentissage de l’injustice à travers ses lectures. "J'ai toujours été consciente du gouffre qu'il y avait entre mon existence et celle des plus pauvres du monde", confie-t-elle dans les colonnes de l’Express en janvier 2011. "Enfant, j'étais extrêmement troublée par le hasard extraordinaire qui m'avait valu de naître à Paris, dans une famille de la classe moyenne intellectuelle, alors que j'aurais pu voir le jour au Tchad. C'est une question de chance. Il en découle une responsabilité."

Si Esther Duflo a été choisie pour "informer et conseiller le président sur les politiques et pratiques américaines relatives au développement mondial", ce n’est pas le fruit du hasard. Depuis ses classes préparatoires au Lycée Henri-IV à Paris, la quadragénaire a multiplié les diplômes et distinctions.

Avec un DEA d'économie en poche obtenu en 1995, elle traverse l’Atlantique pour soutenir en 1999 une thèse de doctorat au département d’économie du MIT sous la direction de l'économiste indien Abhijit Banerjee. Sa thèse, intitulée "Three Essays in Empirical Development Economics" (Trois essais sur l'économie empirique du développement), est consacrée à l'évaluation économique des projets de développement. La jeune étudiante intègre la même année le département d'économie du MIT comme assistant professeur, puis professeur associé en 2002, année où elle se voit offrir un engagement à vie au MIT. Après une année en détachement à l’université de Princeton, elle  décroche le titre de professeur en 2004, à l’âge de 32 ans.

 

Dans la liste des 100 personnes les plus influentes au monde

En 2002, elle obtient le prix Elaine Bennett de l'American Economic Association qui récompense les femmes de moins de quarante ans dont les contributions ont été exceptionnelles. Le Monde et le Cercle des économistes lui remettent trois ans plus tard, le Prix du meilleur jeune économiste de France. En avril 2010, sonne l’ultime consécration. La Française reçoit la médaille John Bates Clark pour son rôle essentiel dans l'économie du développement, en recentrant cette discipline sur les questions microéconomiques et les expériences sur le terrain. L'année suivante, le magazine américain Time la fait figurer sur sa liste des 100 personnes les plus influentes au monde.

 

Une approche innovante pour réduire la pauvreté dans le monde

Au-delà de son brillant parcours universitaire, Esther Duflo a su se distinguer de ses confrères en mettant en place une méthode révolutionnaire pour évaluer l’efficacité des politiques publiques.

À la tête du laboratoire Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab (J-PAL), qu’elle a elle-même fondé au MIT de Boston, la chercheuse soutient la thèse selon laquelle la misère ne peut être efficacement combattue sans une excellente connaissance des plus démunis. La pionnière s'emploie dès lors à développer une méthode d'évaluation concrète des actions de lutte contre la pauvreté. Une approche qu’elle pourra désormais espérer mettre en œuvre auprès de Barack Obama.

 

 

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